LA SOCI�T� S�N�GALAISE

La femme : la femme s�n�galaise malgr� la religion musulmane pr�dominante a une ind�pendance et une autonomie que nombre de femmes dans les pays industrialis�s leur envieraient. Pr�sentes dans tous les domaines �conomiques (financier gr�ce � l’imposant syst�me des "tontines", agricole avec un dur travail dans les champs, commercial car elles d�tiennent le monopole du commerce de fruits et l�gumes, ...), nombres d’entres elles sont arriv�es aux plus hauts postes du pays (d�put�s, ministres, PDG...).

S�ductrices, extraverties, appr�ci�es par tous les africains, � ce titre, elles entendent bien repr�senter toutes les femmes africaines dans leurs luttes pour l’am�lioration de la vie du continent. Combat pour l’avortement, contre l’excision, contre la polygamie etc...on ne voit qu’elles � la t�l�vision nationale la RTS. Le journal du soir pr�sent� un jour sur deux par une femme montre � quel point elles se sont impos�es ces derni�res ann�es comme citoyennes � part enti�re. Certains vont jusqu’� dire que si une femme devenait pr�sidente cela ouvrirait vite les portes du d�veloppement. Dans la soci�t� Bassari, un parlement de femme se r�unit plusieurs fois par mois dans un lieu tr�s secret o� elles exposent tous leurs griefs � la femme du chef qui interviendra aupr�s de son mari. Dans le royaume Diola des Floups, la reine a �galement un pouvoir tr�s important au niveau de la ville d’Oussouye. Rappelons-nous que le chef de file de la r�sistance anti-coloniale en Casamance �tait la reine Diola Aline Sito� Diatta.

Cependant, cette situation privil�gi�e de la majorit� des femmes ne doit pas cacher la situation difficile que connaissent les autres. On estime � 25%, le nombre de femmes ou de jeunes filles excis�es au S�n�gal. Si en ville la pratique a presque disparu du fait de l’information prodigu�e � la t�l�vision ou dans les associations et des lois tr�s s�v�res, dans les campagnes elle reste courante notamment chez les Peulhs et les Toucouleurs du S�n�gal oriental. Il n’est pas rare de voir malgr� les consignes de s�v�rit� donn�es aux gendarmes des excisions collectives r�alis�es dans des villages. Chez les Peulhs, c’est comme la circoncision une occasion de f�te. Les jeunes filles excis�es (10-12 ans) se prom�neront en boubou blanc avec un sceptre durant plusieurs jours. Les artistes f�minines du pays d�noncent ces pratiques depuis plusieurs ann�es avec des r�sultats encourageants. Les responsables musulmans s’y mettent �galement en rappelant que l’excision n’est pas un pr�cepte islamique. On s’aper�oit en somme tr�s vite que ces femmes veulent bien plus que les hommes devenir modernes. Le polygamie est rejet�e en masse, et la mode si africaine avec les fameux boubous multicolores est une des priorit�s tant des jeunes filles que des femmes mari�es. Cette libert� vestimentaire n’est d’ailleurs possible que gr�ce � l’autonomie financi�re que leur donne leur petite activit� commerciale ou salari�e (le plus souvent m�nage).

L’enfant : 2goss.jpg (6514 octets)gbw.jpg (16712 octets)

La polygamie : Les sociologues estiment qu’aujourd’hui seuls 12% des m�nages sont polygames et que cette pratique tends � dispara�tre un peu plus chaque ann�e. Mais il faut bien s�r relativiser. L’Afrique Noire n’a jamais �t� une soci�t� � majorit� de maris polygames. Ce mode d’union n’a toujours b�n�fici� qu’aux plus riches. Traditionnellement ce n’est m�me qu’aux chefs de villages que revient ce privil�ge. La plupart des femmes refuseraient d’ailleurs de se marier avec un homme d�j� "muni" d’une �pouse. Dans tous les cas les maris ayant plus de 4 �pouses sont inexistants puisque ce chiffre est la limite qu’impose l’islam. Il n’y a gu�re que dans les zones rurales que ce probl�me se pose du fait du syst�me de "pr�-mariage" pratiqu� par les parents qui d�cident � l’avance du mari qu’aura leur fille. La polygamie est autoris�e par la loi s�n�galaise mais des textes tr�s pol�miques pourraient �tre vot�s dans les prochains mois.

La famille : comme sur le reste du continent, la famille reste le noyau de la soci�t� s�n�galaise. C’est gr�ce � cette famille que la population "tient le coup" malgr� la crise chronique que conna�t le pays. Mais c’est aussi tr�s s�rement � cause de ce lien pesant que le pays � du mal � se d�velopper. C’est en conciliant cette solidarit� � une conception plus autonome de l’individu que des progr�s r�els coul.jpg (4804 octets)pourront �tre r�alis�s. Le probl�me, car c’en est un en partie, saute tout de suite aux yeux de l’�tranger. Les s�n�galais en ont conscience mais n’arrivent pas � changer d’�tat d’esprit. Le travail, denr�e rare et presqu’introuvable en milieu urbain, est syst�matiquement donn� aux parents plus ou moins proches de la personne charg�e de recruter. Le probl�me engendr� par ce comportement est multiple : d’un part, le parent employ� n’aura pas forc�ment les qualit�s requises pour cet emploi. S’ensuit donc une multitude d’erreurs commises par ces personnes non qualifi�es. D’autre part, les �tudes pourtant tr�s pris�es par les s�n�galais, ne serait-ce que par enrichissement culturel, ne peuvent qu’�tre d�valoris�es par ce genre de recrutement familial : "pourquoi �tudier puisque mes relations familiales ne me permettront pas d’avoir un emploi correspondant � ma qualification?" Et inversement : "pourquoi �tudier puisque de toute fa�on mon oncle bien plac� dans l’entreprise X me fournira un emploi ?". Un certain d�couragement s’empare donc des jeunes. Les petites annonces d’emplois propos�es par les organisations internationales ne sont m�me plus lues par les dipl�m�s puisqu’ils savent que c’est un s�n�galais qui s’occupe du recrutement et que l’annonce n’est qu’une formalit� impos�e par les coop�rants �trangers !   Le r�sultat de cette pr�f�rence familiale, fait humainement compr�hensif mais �conomiquement d�plorable, fait que les familles riches ont tendance � s’enrichir gr�ce � la multiplicit� des emplois et que les plus pauvres stagnent dans leur mis�re. N�anmoins, en milieu rural, ce ph�nom�ne s’att�nue famille.jpg (5612 octets)du fait de la quasi-absence de travail salari�. Tout le monde est agriculteur et personne ne ch�me vraiment. Cette solidarit� familiale loin de s’exercer uniquement dans les situations favorables se manifeste �galement en cas de probl�me. Jamais un s�n�galais ne sera d�muni face � une perte d’emploi ou au d�c�s d’un proche. Il y aura toujours un lit, toujours une assiette pour un fr�re, un neveu, un grand-p�re ou une arri�re-petit-cousin dans l’embarras. C’est m�me un devoir d’aider cette personne au risque , si on ne le fait pas, de passer dans le village pour une famille indigne. La majorit� des s�n�galais �tant dans "l’embarras" on comprends mieux pourquoi une personne qui travaille en a � sa charge parfois plus de 20 ! Ce besoin de "bien para�tre" aide �galement � comprendre pourquoi lorsqu’un membre de la famille fait un acte r�pr�hensible par la loi ou condamnable par les traditions, c’est sur tous les parents que rejaillissent la honte et l'opprobre,  sur plusieurs g�n�rations. L’h�ritage des vieilles traditions familiales se voie dans la vie de tous les jours. Dans la plupart des familles par exemple les hommes mangent de leur c�t�, alors que femmes et enfants mangent � part.


Les causeries : Ce terme typiquement s�n�galais d�signe les r�unions publiques destin�es � d�battre d’un th�me donn� ou d’informer la population d’un probl�me de soci�t�. Ce genre de manifestation est particuli�rement � la mode depuis le d�but des ann�es 80 et est encourag� par les ONG qui y voient un moyen simple et efficace de sensibiliser la population aux diff�rents probl�mes de soci�t�.

Les th�mes tr�s vari�s tournent n�anmoins le plus souvent autour des probl�mes de  sant� : SIDA, chol�ra, paludisme.... mais aussi autour des th�mes de soci�t� : �pargne, planification familiale, �ducation... C’est pour l’�tranger (souvent convi� � ces causeries) un excellent moyen de conna�tre les probl�mes rencontr�s au S�n�gal et les opinions que la population s’en fait.


Les Tontines: Le mot tontine vient de Tonti, banquier italien du XVII si�cle. Ce syst�me d’�pargne aujourd’hui typiquement africain est r�pandu sur l’ensemble du continent et brasse souvent plus d’argent que les banques. Cet argent qui �chappe aux institutions du pays rend cependant d’immenses services � la population et est g�r� de fa�on exemplaire. La tontine est avant tout un syst�me de r�partition des ressources � l’�chelon local. En effet, la tontine d�passe rarement le cadre du quartier ou du village. Au S�n�gal la tontine est presque exclusivement g�r�e et utilis�e par les femmes. C’est s�rement la cause de la confiance qu’inspire ce mode d’�pargne aupr�s de la population. Le principe de la tontine s�n�galaise est simple : chaque semaine la m�re de famille donne une somme fixe (g�n�ralement entre 500 et 1000 CFA) et mensuellement une ou plusieurs familles se voient attribuer � tour de r�le et en toute transparence (souvent en pr�sence d’un Conseil de Femme) une somme importante. Le cr�dit restant peut �tre attribu� � une famille particuli�rement ou momentan�ment dans le besoin. Cette somme attribu�e � l’avance permettra � la famille n�cessiteuse d’avoir une importante somme avant que son tour n’arrive.


La pauvret� : De nombreux visiteurs �trangers sont surpris de voir un certain niveau de vie � Dakar. Ces personnes qui ne sont pas � bl�mer vue l’image qu’on ne cesse de donner de l’Afrique dans les m�dias s’attendent � leur arriv�e � l’a�roport de Yoff � voir des cases africaines en plein centre de Dakar !
Il faut bien faire la nuance entre pauvret� d’un pays, et pauvret� de ses habitants.
Le S�n�gal est bel est bien un pays pauvre bien qu’il soit plus riche que ses cinq frontaliers. C’est donc LA puissance �conomique et militaire r�gionale. Cela permet au moins au Dakarois d’avoir un niveau de vie que beaucoup d’africains envient. La t�l�vision couleur est ainsi entr�e dans la majeure partie des foyers Dakarois. Et la solidarit� s�n�galaise fait que les adultes et enfants n’ayant pas de t�l�vision y ont n�anmoins acc�s gr�ce � un parent ou voisin. Ainsi personne ne rate le combat de lutte dominicale ou le match France-Espagne ! Cette solidarit� se manifeste �galement par le partage des d�codeurs Canal Horizon et des antennes permettant de capter TV5 , RFI , MCM , MTV, etc...

L’�lectricit� est �galement g�n�ralis�e puisque 98 % des foyers Dakarois ont du courant chez eux. L� encore les "arrangements y sont pour quelques choses puisqu’un m�me compteur et donc un m�me abonnement profite souvent � plusieurs familles. Paradoxalement l’eau est pr�sente dans beaucoup moins de foyer que l’�lectricit�. Mais c’est aussi un probl�me de traditions. En effet, l’eau est souvent achet�e aux fontaines publiques qui sont un lieu de palabre excellent pour les m�nag�res.

Le t�l�phone est �galement un service rarement pr�sent dans les foyers. Mais les t�l�centres, v�ritable ph�nom�ne s�n�galais, fourmillant dans tous les quartiers remplacent avantageusement les abonnements co�teux de la SONATEL.

Ainsi les Dakarois b�n�ficient d’un niveau de vie enviable en Afrique de l’Ouest. Les infrastructures sont r�guli�rement entretenues et l’�clairage nocturne est omnipr�sent.

De nombreux nouveaux quartiers ont �t� b�tis en toute intelligence et leur convivialit� n’est pas � critiquer. Tel est le cas de quartiers de classe moyenne comme les LIBERT�, les AMITI� , les BAOBAB de quartiers populaires tels que les Parcelles Assainies, les H.L.M., les SACRE CŒUR ou BOP et des quartiers r�serv�s aux nantis comme POINT E, FANN, HANN Plage, les ALMADIES, ou Mermoz.

Cependant, m�me si les bidonvilles du type "favelas" br�siliennes n’existent pas, de nombreux quartiers populaires ont connu une expansion anarchique et la construction sauvage fait qu’il est difficile de vivre ou plus simplement d’agrandir son logement. C'est dans ces quartiers d�munis qu’il n’est pas rare de voir 10 personnes ou plus dormir dans la m�me pi�ce. C’est le cas du groupe Pikine-Gu�diawaye-Thiaroye , sans contexte le plus difficile � vivre du pays.

Si la mis�re existe au S�n�gal, ce n’est pas dans les zones rurales mais bel et bien dans cet ensemble de quartiers � la d�mographie galopante dont la population a d�pass� celle de Dakar il y plus de dix ans. Cependant un double espoir se profile pour les habitants de ces quartiers.

Le gouvernement doit fermer l’a�roport de Yoff (ou du moins le r�duire de 70% afin de pr�server une base a�rienne militaire) et vendre � petit prix les terrains. Un nouvel a�roport devrait �tre construit � Bargny pour �viter les nuisances d’un trafic a�rien grandissant et rapprocher les touristes des cha�nes d’h�tels de la Petite C�tes. Le deuxi�me espoir est la "parcellisation" des terres � l’Est de Dakar . Ceci permettra une nouvelle fois de d�gorger les quartiers pikinois bordant ce secteur Est.

Quoi qu’il en soit, qu’ils habitent dans de nouveaux quartiers ou dans les pires, le mot d’ordre des jeunes s�n�galais est "d�brouillardise". Moins d’un Dakarois sur 50 est employ� � plein temps et touche un salaire. Tous font donc de petits boulots occasionnels leurs permettant d’aider la famille, de se v�tir et de sortir. En outre tous les L�bous sont p�cheurs quand ils n’ont rien d’autre � faire. Des villages entiers ont la p�che pour principale activit�. Ngor, Yoff, Yerar et Bargny sont donc les villages de p�cheurs par excellence. Dans une moindre mesure Ouakam et Gu�diawaye ont de nombreux p�cheurs. Une partie de tous ces p�cheurs ont cette activit� pour profession exclusive. Mais les jeunes la pratique occasionnellement et surtout en p�riode vacances scolaires. L’apprentissage est aussi pour cette immense classe d’�ge une moyen de gagner quelques C.F.A. Mais soulignons que cet apprentissage ressemble plus � une exploitation tyrannique. Il s’exerce dans de nombreux domaines mais principalement dans la couture, les transports et la m�canique. L’apprenti n’a aucun statut et sa r�mun�ration est laiss�e � l’enti�re appr�ciation du ma�tre d’apprentissage. Elle d�passe rarement 5000CFA par mois. La dur�e de ces formation est en g�n�ral de 3 ou 4 ans, mais elle peut �tre plus longue et aller jusqu’� 8 ans.


La d�linquance : le S�n�gal est un des pays d’Afrique qui a le plus faible taux de d�linquance. M�me � Dakar elle est assez faible pour passer inaper�ue. Il est � notre avis dommage que les tr�s rares personnes ayant subi cette d�linquance la fassent passer pour une g�n�ralit�. M�me les quartiers r�put�s "dangereux" tels que Pikine, Thiaroye, Grand Yoff ou Grand Dakar n’abritent que de tr�s rares "bandits". A vrai dire, le pire des quartiers s�n�galais ne vaut pas , question ins�curit�, le plus tranquille quartier parisien. Mais la plupart des Dakarois sont originaires de villages ruraux o� rien ne se passe. La vie dakaroise leur fait donc assez peur pour essayer de vous communiquer cette phobie de l'agression.. Leur superstition les emp�che aussi de sortir seuls � certaines heures. Donc sans tenter le diable vous pourrez vous balader � n’importe quelle heure dans tous les quartiers de Dakar. C’est d’autant plus vrai si vous �tes en groupe.

Bien-s�r, il existe quand-m�me des grands d�linquants mais ils sont rares et tr�s rarement s�n�galais. En effet il s’agit pour la plupart de r�fugi�s anglophones sans foi ni loi. Les prisons s�n�galaises sont ainsi pleines de Gambien, de Sierra-L�onnais, de Lib�riens, de Ghan�en et de Nig�rians.

Les pickpockets et les petits arnaqueurs pullulent par contre � Dakar et � Mbour et dans une moindre mesure dans les autres grandes villes s�n�galaises. Il est impossible de les �viter et la seule parade est d’�tre plus malin qu’eux (ce qui n’est pas difficile) en les prenant � leur propre jeu.


La prostitution : C’est un v�ritable probl�me de soci�t� au S�n�gal comme dans l’ensemble de l’Afrique Noire. La prostitution "professionnelle" touche assez peu de femmes (leur nombre est �valu� par diff�rents organismes � moins de 8000 sur l’ensemble du territoire). Seule "consolation" pour ces jeunes filles elles exercent en bo�te de nuit et ne font pas le trottoir. Le ph�nom�ne de prox�n�tisme et �galement absent. Le gouvernement aid� des ONG essaye d’aider ces filles depuis plusieurs ann�es en les obligeant � avoir une carte sanitaire r�guli�rement mise � jour apr�s examen m�dical et test HIV. Le probl�me tient en fait aux femmes qui se prostituent pour arrondir les fins de mois ou acc�der � un mode de vie sup�rieur. A Dakar en particulier et dans l’ensemble du pays une cat�gorie de jeunes filles �changent leurs charmes contre de petites sommes d’argent pour acheter des pacotilles, perruques et v�tements "a l’europ�enne" co�teux. A l’�chelle nationale les sommes impliqu�es sont n�anmoins �normes. La multiplication des partenaires favorise �videmment les MST et en particulier le SIDA. C’est le cas notamment en zone rurale ou l’usage du pr�servatif reste marginal. Le deuxi�me cat�gorie de non-professionnelles est constitu�e de femmes d’�ge sup�rieur mari�es ou c�libataires avec enfants et que la mis�re pousse pour nourrir leurs enfants � se prostituer occasionnellement.

"MBARAAN" (un article de Sud quotidien du 9 juin 99)
La frivolit� du couple de hasard

Les femmes "mbaraan kat" (frivoles) n’ont cure du Sida. Elles ne se pr�occupent pas de la publicit� tapageuse sur sa pr�vention ni contre les Maladies sexuellement transmissibles (MST). Pr�server la virginit� jusqu’au jour du mariage n’est plus leur souci, parce qu’elles entretiennent des relations intimes avec tout postulant qui peut aider � r�gler quelques probl�mes d’ordre financier, mat�riel ou m�me "passager".

Idem pour les hommes qui passent leur temps � courir tranquillement apr�s les jupons, en faisant montre d’une grande g�n�rosit�, au point de se compromettre et de sacrifier les d�penses familiales sur l’autel de la recherche du plaisir. Ces hommes ne sont pas que des victimes, bien au contraire. Toutefois, le plus souvent, ce sont les femmes, de plus en plus jeunes aujourd'hui, qui prennent les initiatives, faisant valoir leurs mensurations et d’autres arguments corporels. Au m�me titre que les gar�ons dont on dit qu’ils passent tout leur temps � papillonner les jeunes filles (il se disait, il n’y a gu�re, que le "mbaraan" est le fait exclusif des dames) collectionnent les amants qu’elles appellent leurs "mbaraan" . Ils sont des hommes pour qui elles n’�prouvent aucun attrait sentimental, sinon celui du gain. N’ignorant pas souvent les intentions affich�es ou cach�es de ces jeunes filles, des hommes participent volontiers au jeu, g�n�ralement � l’insu de leurs �pouses et au d�triment de leurs familles, pourvu seulement qu’ils arrivent � satisfaire leurs d�sirs de poss�der de la "chair tendre".

"Je suis une femme divorc�e. J’ai d�j� comptabilis� plusieurs ann�es de mariage et je suis m�re de deux enfants. Avec tout cela, j’estime avoir d�pass� l’�ge o� il faut d�velopper des sentiments d’amour-passion. Actuellement, si je sors avec un homme, il doit �tre en mesure de m’entretenir financi�rement et de m’aider dans la scolarisation de mes enfants", explique A�ssatou, 39 ans, op�ratrice de saisie dans une entreprise de la place. Selon elle : "cela n’est pas de la prostitution, mais simplement un r�alisme qui d�coule d’une certaine maturit� dans les relations entre gar�ons et filles". Pour satisfaire ces pr�occupations, A�ssatou d�clare qu’elle ne peut se suffire d’un seul amant. Qui plus est :"la plupart des coureurs de jupons sont des salari�s, responsables de famille. Ils n’ont pas souvent assez de moyens pour prendre en charge financi�rement et leur famille et leurs ma�tresses".

Dans les bo�tes de nuit, les caf�s, cin�mas et m�me dans la rue, ce sont des jeunes adolescentes que l’on voit en compagnie d'hommes m�rs, dont certains ont l’�ge de leur p�re. Le jour, elles font le tour des bureaux des administrations des entreprises pour empocher quelques billets leur permettant de s’acheter des habits ou plus g�n�ralement de menues choses.

Interpell�e, Absa, 26 ans, explique que : "la plupart des jeunes filles, adeptes du mbaraane ont d�j� leurs petits amis, qu’elles aiment jalousement. Mais, comme les temps sont durs, leurs petits copains n’ont pas souvent les moyens de r�gler leurs probl�mes. Vous savez, avec la mode qui �volue r�guli�rement, nous sommes oblig�es de renouveler nos gardes-robes. Tout le monde sait que ce ne sont pas les gar�ons d’aujourd’hui qui donnent l’argent de poche � leurs copines". Son amie, Bineta de poursuivre : " au contraire, maintenant ce se sont les jeunes-filles qui d�pensent pour leurs copains afin de les retenir. Pour cela, il faut trouver de l’argent, m�me si on ne travaille pas, car il existe des femmes, des driank�s sans pudeur, qui sont pr�tes � d�penser des fortunes pour nous prendre nos petits amis. Que voulez-vous que nous fassions alors ?" Anta, une �tudiante en premi�re ann�e de Sciences �conomiques, est plus tranch�e. Selon elle : " aucun gar�on n’ose jurer que sa petite amie ne fait pas de mbaraane. Car, ils nous aiment belles et �l�gantes, mais rechignent � nous demander de l’argent. Pourtant, ils savent pertinemment que nous ne ramassons pas ce que nous portons. De m�me, quand nous leur faisons des cadeaux, ils ne nous les retournent pas, ni ne nous demandent comment nous avons pu nous les procurer".

Ainsi, pour gagner de l’argent facilement et se faire belles, ces jeunes filles multiplient leurs partenaires en faisant fi des risques encourus sur les plans de la sant� et de la morale. Abdou Sall, appelons-le ainsi, un comptable, la cinquantaine consomm�e, est f�ru de disquettes (Ndlr : les adolescentes mondaines). Selon lui : "les disquettes sont fascinantes. Elles vous amusent, vous aident � faire le vide". A l’en croire : "� longtemps fricoter avec elles, on se fait une nouvelle jeunesse, on comprend mieux leur g�n�ration. Il suffit seulement de savoir se comporter avec elles". Interrog� sur les sommes importantes d’argent qu’elles exigent aux hommes, Abdou Sall trouve que :"cela n’est rien compar� � tout ce qu’elles vous rapportent. Surtout que leurs exigences ne sont que des caprices de jeunes filles".

Pour cet autre quinquag�naire : "ce qui est int�ressant chez les jeunes filles, c’est qu’elles nous permettent de changer de discours. Elles nous stimulent et nous incitent � �tre plus regardant sur notre mise, entre autres". Et de pr�ciser que : " nous prenons toutes nos dispositions pour �viter les travers".

Bassirou SOW


L’exode rural : C’est une r�alit� bien relative au S�n�gal. En effet, compar� aux pays d’Am�rique du Sud ou m�me d’Afrique �quatoriale, le taux d’urbanisation assez faible (34% contre plus de 70% dans les pays d�velopp�s et en Am�rique Latine) montre que le S�n�galais reste attach� � la campagne d’o� il tire des revenus suffisants. Le relatif investissement du gouvernement depuis quelques ann�es dans les infrastructures sanitaires et les services (eau, �lectricit�, t�l�phone, poste ....)inverserait m�me plut�t la tendance. Mais ceux qui partent � la ville sont les forces vives du pays : jeunes �tudiants et lyc�ens doivent aller dans les grandes villes du pays pour �tudier. Il y restent souvent apr�s. Si les coll�ges sont courants (une cinquantaine de villes en sont dot�es qu’ils soient publics ou priv�s pour un total de 300 �tablissements), les lyc�es sont plus rares (une vingtaine de villes dot�es pour une quarantaine d’�tablissements) et les classes post-bac encore plus rares (2 universit�s : St Louis et Dakar, et quelques classes post-bac de plus ou moins bonne qualit� dans une dizaine de ville). Il est n�anmoins tr�s rare de voir des villages abandonn�s ou vid�s de leur population. L’explosion d�mographique des villes s�n�galaises (1000hab/km2 � Dakar) est donc due pour la plus grande partie � une augmentation interne et non � une immigration de ruraux (moins de 10hab/km2 au S�n�gal Oriental).

La densit� et le faible co�t des transports en commun favorise �galement ce faible exode rural car l’habitant du petit village recul� peut tr�s bien se rendre en ville pour quelque achat sans pour autant devoir y r�sider plusieurs jours.

Malgr� tout un certain nombre de "campagnards" ont d� s’installer en ville ces derni�res ann�es. Mais durant les premiers jours de l’hivernage, ils retournent dans leur grande majorit� aider la famille dans les champs.

Aujourd’hui, la r�gion la plus touch�e par l’exode rural est tr�s s�rement la Casamance dont les villageois ont quitt� la campagne pour fuir les exactions des "rebelles".


Extrait d'un num�ro sp�ciale de Sud, quotidien s�n�galais:


Comment vivent les s�n�galais ?

(Par Cheikh Thiam - Lundi 16 juin 1998)
En mati�re d’habitat et d’�quipements, comment vivent les S�n�galais ? Quel est le profil de leur cadre environnemental imm�diat ? L’enqu�te s�n�galaise aupr�s des m�nages r�alis�e parla Direction et la Pr�vision et de la Statistique a tent� de r�pondre � ces questions, en �tudiant de mani�re approfondie leur niveau et mode de vie. L’analyse de leurs conditions de vie, du confort de leur logement, des �quipements domestiques dont ils disposent a permis de camper les diff�rents profils de la famille s�n�galaise. Le type de logement, le statut d’occupation (propri�taire ou locataire), le nombre de pi�ces des habitations, les �l�ments de confort comme le t�l�phone, la voiture, l’�lectricit�, l’eau courante, etc, ont �t� pass�s au peigne fin.Tendances : R�alisme Confort : des m�nages mieux lotis, mais...Fortes d�penses alimentaires

Disparit�s dans les revenus
Mamadou Matar Gueye, statisticien-d�mographe :
"Une meilleure compr�hension des besoins"Oumar Diagne, socio-anthropologue :
"La pauvret�, une notion � relativiser"

Tendances : R�alisme
Les princes de l’ostentation continueront pour longtemps encore � d�fier le bon sens, mais les S�n�galais sont de moins en moins nombreux � les prendre pour mod�les, parce qu’ayant convenablement assimil� les le�ons de la crise des ann�es quatre-vingt et celles de l’apr�s-d�valuation. Plus r�alistes que nagu�re, ils ont plut�t tendance � investir dans des valeurs s�res, � d�penser juste.Ce revirement trouve une assez nette illustration dans la forte augmentation des constructions en dur, aussi bien dans les villes qu’en milieu rural. Et si les cases et les baraques tendent � leur c�der la place, c’est que tout un chacun est convaincu qu’une maison bien � soi est un placement qui lib�re du diktat des sp�culateurs fonciers et immobiliers, peut donner des opportunit�s de rente, et surtout s�curise durablement une famille, dans un cadre que l’on cherche � rendre le plus confortable et agr�able possible.Par le biais de l’auto construction �volutive, et des programmes immobiliers dans une bien moindre mesure, pr�s de la moiti� des m�nages s�n�galais sont aujourd’hui propri�taires de leur demeure. L’autre moiti� n’est toutefois pas pr�s de sortir de l’auberge.Le r�alisme s�n�galais se mesure �galement � la taille des m�nages qui tendent � se contenir dans des limites raisonnables. Ce n’est pas seulement le planning familial qui explique cela. Les familles urbaines se restreignent de plus en plus � leur noyau de base, pour limiter leurs charges et s’offrir des commodit�s et conditions de vie compatibles avec leur niveau de revenu. La solidarit� avec la famille �largie en prend bien �videmment un sacr� coup, quoiqu’elle devrait pouvoir s’organiser autrement.Mais le r�alisme ne r�sout pas tous les probl�mes. Les S�n�galais ont en effet beau s’ajuster � la conjoncture, serrer la ceinture, chercher � mieux orienter leurs d�penses et g�rer leurs charges, leurs ressources leur permettent difficilement de joindre les deux bouts. Comment pourrait-il en �tre autrement avec un revenu moyen per capita qui ne d�passe pas un dollar par jour ? A quelques rares exceptions pr�s, les charges incompressibles des salari�s sont largement sup�rieures � leurs gains, ce qui r�duit tr�s fortement leurs possibilit�s d’�pargne. On comprend pourquoi la plupart s’adonnent � des activit�s parall�les pour quelques exp�dients. Les difficult�s sont encore plus aigu�s dans le monde rural, et plus particuli�rement dans les zones o� la production agricole est tributaire d’une pluviom�trie on ne peut plus capricieuse. L’informel a ses hauts, mais �galement beaucoup de mauvaises passes du fait de son engorgement et de ses al�as. Aussi est-il normal que la demande sociale s’exprime avec insistance pour l’augmentation des salaires pratiquement bloqu�s depuis la d�valuation du franc CFA, la baisse de la fiscalit� directe, et la r�percussion de la r�duction g�n�rale des droits de porte sur les prix pratiqu�s sur le march� local. Il est sans doute vrai que les acquis engrang�s depuis le changement de parit� du franc CFA sont encore fragiles, et qu’il faut laisser m�rir ce bl�, plut�t que de le consommer en herbe. Toujours est-il que l’am�lioration, par quelque moyen qu’il puisse �tre, du revenu des populations devenues beaucoup plus r�alistes, leur donnerait encore plus de motivations � participer � l’œuvre collective du d�veloppement national, � la concr�tisation de cette qu�te incessante pour le mieux �tre. D’autant qu’une consommation mieux orient�e est un facteur de dynamisme pour la production locale qu’il s’agit de stimuler plus vigoureusement.Les princes de l’ostentation continueront pour longtemps encore � d�fier le bon sens, mais les S�n�galais sont de moins en moins nombreux � les prendre pour mod�les, parce qu’ayant convenablement assimil� les le�ons de la crise des ann�es quatre-vingt et celles de l’apr�s-d�valuation. Plus r�alistes que nagu�re, ils ont plut�t tendance � investir dans des valeurs s�res, � d�penser juste.Ce revirement trouve une assez nette illustration dans la forte augmentation des constructions en dur, aussi bien dans les villes qu’en milieu rural. Et si les cases et les baraques tendent � leur c�der la place, c’est que tout un chacun est convaincu qu’une maison bien � soi est un placement qui lib�re du diktat des sp�culateurs fonciers et immobiliers, peut donner des opportunit�s de rente, et surtout s�curise durablement une famille, dans un cadre que l’on cherche � rendre le plus confortable et agr�able possible.Par le biais de l’auto construction �volutive, et des programmes immobiliers dans une bien moindre mesure, pr�s de la moiti� des m�nages s�n�galais sont aujourd’hui propri�taires de leur demeure. L’autre moiti� n’est toutefois pas pr�s de sortir de l’auberge.Le r�alisme s�n�galais se mesure �galement � la taille des m�nages qui tendent � se contenir dans des limites raisonnables. Ce n’est pas seulement le planning familial qui explique cela. Les familles urbaines se restreignent de plus en plus � leur noyau de base, pour limiter leurs charges et s’offrir des commodit�s et conditions de vie compatibles avec leur niveau de revenu. La solidarit� avec la famille �largie en prend bien �videmment un sacr� coup, quoiqu’elle devrait pouvoir s’organiser autrement.Mais le r�alisme ne r�sout pas tous les probl�mes. Les S�n�galais ont en effet beau s’ajuster � la conjoncture, serrer la ceinture, chercher � mieux orienter leurs d�penses et g�rer leurs charges, leurs ressources leur permettent difficilement de joindre les deux bouts. Comment pourrait-il en �tre autrement avec un revenu moyen per capita qui ne d�passe pas un dollar par jour ? A quelques rares exceptions pr�s, les charges incompressibles des salari�s sont largement sup�rieures � leurs gains, ce qui r�duit tr�s fortement leurs possibilit�s d’�pargne. On comprend pourquoi la plupart s’adonnent � des activit�s parall�les pour quelques exp�dients. Les difficult�s sont encore plus aigu�s dans le monde rural, et plus particuli�rement dans les zones o� la production agricole est tributaire d’une pluviom�trie on ne peut plus capricieuse. L’informel a ses hauts, mais �galement beaucoup de mauvaises passes du fait de son engorgement et de ses al�as. Aussi est-il normal que la demande sociale s’exprime avec insistance pour l’augmentation des salaires pratiquement bloqu�s depuis la d�valuation du franc CFA, la baisse de la fiscalit� directe, et la r�percussion de la r�duction g�n�rale des droits de porte sur les prix pratiqu�s sur le march� local. Il est sans doute vrai que les acquis engrang�s depuis le changement de parit� du franc CFA sont encore fragiles, et qu’il faut laisser m�rir ce bl�, plut�t que de le consommer en herbe. Toujours est-il que l’am�lioration, par quelque moyen qu’il puisse �tre, du revenu des populations devenues beaucoup plus r�alistes, leur donnerait encore plus de motivations � participer � l’œuvre collective du d�veloppement national, � la concr�tisation de cette qu�te incessante pour le mieux �tre. D’autant qu’une consommation mieux orient�e est un facteur de dynamisme pour la production locale qu’il s’agit de stimuler plus vigoureusement.Amadou Fall

Confort : des m�nages mieux lotis, mais...Ainsi, 37,5% des m�nages s�n�galais habitent dans des cases ou des baraques, alors que 62,5% habitent dans des maisons en dur. Ces taux ne sont respectivement que de 3,7% et 96,3% s'agissant de Dakar. Alors qu'en milieu rural, 55% des m�nages vivent dans une maison en dur. "Le logement des m�nages s'am�liore avec l'urbanisation", note d'ailleurs le rapport de l'enqu�te, qui a mis en relief l'existence de 777.931 m�nages pour l'ensemble du S�n�gal, par rapport � une population totale estim�e � 7.884.257 habitants en fin septembre 1994.Sur l'ensemble des m�nages, 66,7% seraient propri�taires de leur logement. Ce ratio est de 42,8% � Dakar, de 57,3% dans les autres centres urbains et de 79,7% en milieu rural. Parall�lement, 13% des m�nages seraient locataires simples au S�n�gal. A Dakar, ce sont 40,1% des m�nages, 18,4% dans les autres centres urbains et seulement 0,5% en milieu rural. Les "locataires-acheteurs" des programmes immobiliers ne repr�sentent qu'une infime portion (0,5% de l'ensemble des m�nages s�n�galais) et ne se rencontrent qu'� Dakar et dans les centres urbains du S�n�gal.Le document indique aussi que dans l'ensemble, 79% des m�nages sont "normalement peupl�s" (soit trois m�nages sur quatre environ). Cet indice de peuplement souligne qu'un m�nage est surpeupl� si le nombre de personnes qui le composent est sup�rieur au nombre de chambres du logement. Ces m�nages surpeupl�s sont par ailleurs plus fr�quents en milieu urbain qu'en milieu rural. L'indice de peuplement donne une id�e de la "promiscuit�" qui existe dans le m�nage.Au chapitre des �l�ments de confort, 81% des m�nages vivant en milieu rural ne dispose d'aucun moyen de confort (eau, �lectricit� et WC). Seuls 5% des m�nages sont concern�s � Dakar contre 23,5% dans les autres centres urbains. Dans l'ensemble, 19,1% des m�nages s�n�galais disposent de ces trois �l�ments de confort, signe d'un certain niveau de vie.C'est ainsi qu'en milieu rural, la lampe-temp�te constitue le principal moyen d'�clairage. C'est seulement, un peu plus du quart des m�nages s�n�galais (28%), qui s'�clairent � l'�lectricit�. A Dakar et dans les centre urbains, ce sont respectivement 73% et 51% des m�nages qui ont acc�s � l'�lectricit�. Mais, un paradoxe est � relever : "c'est � Dakar que la bougie est relativement la plus utilis�e ; 13,2% des m�nages dakarois y ont recours contre 4 � 6% dans le reste du S�n�gal".A travers le rapport de l'ESAM, l'on note aussi que 55,5% des m�nages utilisent le bois de chauffe pour faire la cuisine et 21% le charbon de bois. C'est � Dakar et dans les centres urbains que l'utilisation du gaz et du charbon est plus importante. Dans la capitale s�n�galaise, 66,3% des m�nages emploient le gaz contre 29,1% pour le charbon. Ces ratios sont respectivement de 25% et 39,3% dans les autres centres urbains.L'enqu�te r�v�le aussi, au chapitre de l'�quipement des m�nages, que "l'utilisation du t�l�phone � domicile et de la voiture personnelle, semble conna�tre un accroissement vigoureux". N'emp�che, le nombre de m�nages poss�dant ces deux attributs de confort, est encore faible. Au moment de l'enqu�te, seuls 5% des m�nages s�n�galais avaient le t�l�phone � domicile. A Dakar et dans les centres urbains, ce sont respectivement 11,4% et 9,3% des m�nages. Comme le t�l�phone, la disposition d'une voiture personnelle est encore faible (moins de 4% des m�nages). Dans la capitale, ce sont 10,2% des m�nages qui sont dot�s de v�hicules priv�s.Il ressort aussi de l'enqu�te que la radio et la radio-cassette sont les �quipements les plus r�pandus dans les m�nages s�n�galais. Pr�s de 72% des m�nages en seraient �quip�s. Par contre, seuls 5,5% des m�nages poss�dent une vid�o. (16% � Dakar), 21% disposent d'un t�l�viseur (50% des m�nages � Dakar), 13,1% ont un r�frig�rateur (environ le tiers de m�nages de Dakar)... Une grande disparit� est ainsi not�e entre Dakar et le reste du S�n�gal. Les m�nages dakarois ont en effet un meilleur acc�s aux commodit�s de la vie moderne. Si 14% des m�nages dakarois poss�dent une cha�ne � musique, il reste que l'ordinateur est encore loin d'�tre un bien courant.

Fortes d�penses alimentaires.En 1994, ann�e r�f�rence de l’enqu�te, 777.931 m�nages ont globalement d�pens� 114 milliards 482 millions de francs CFA. Ce qui donne une d�pense moyenne par personne et par an (DPA) de 147.495 F CFA et une d�pense moyenne annuelle par m�nage de 1.494.852 F CFA. Le rapport estime que la DP r�elle est de 114.225 F CFA si l’on soustrait la part de l’autoconsommation. De 1991, ann�e de la r�alisation de l’Enqu�te sur les Propri�t�s (ESP) � 1994, le taux d’accroissement moyen annuel de la DPA a �t� de 7,8%.Si 23,6% des m�nages sont concentr�s � Dakar, 18,9% dans les autres centres urbains et 57,5% en milieu urbain, ces m�nages n’ont pas les m�mes habitudes de consommation, ni les m�mes niveaux de r�serves. C’est ainsi que les d�penses moyennes par personne ou par m�nage sont diff�rentes selon les milieux. C’est ainsi que "60% des m�nages ruraux ont une DPA inf�rieure � 100.000 F contre 17,5% des m�nages des autres centres urbains et 7,7% � Dakar".Bien �videmment, les d�penses des m�nages sont proportionnelles � leur taille. Ce dernier �l�ment accentue ainsi la disparit� dans les d�penses des m�nages.Dans la distribution, le nombre de m�nages dirig�s par les hommes est le plus important et s’�l�ve � 80,4% de l’ensemble. Ces m�nages constituent 84,8% de la population globale et leur part de d�penses est de 82,1% de l’ensemble des d�penses annuelles des m�nages. En moyenne, la d�pense des m�nages dirig�s par les hommes est de 1.527.110 F, contre 1.362.957 F pour celle des femmes. Au niveau individuel, les d�penses sont respectivement de 142.813 F et 173.570 F. A retenir que les m�nages dirig�s par les femmes sont moins peupl�s.Le rapport r�v�le aussi qu’il existe une grande disparit� entre les d�penses moyennes par t�te, suivant le niveau d’instruction. Ainsi, les chefs de m�nage de niveau sup�rieur ont une DPA plus �lev�e (4.920.300 F), alors que ceux "sans instruction" ont une DPA plus faible (1.206.636 F). L’appartenance � un groupe socio-�conomique est aussi source de disparit� dans les d�penses."Les moyennes de d�penses par personne sont plus �lev�es chez les chefs de m�nages salari�s" : cadres sup�rieurs (381.371 F), employ�s (288.918 F), professions interm�diaires (286.340 F) et ouvriers (165.377 F). Par contre, ces niveaux sont faibles chez les employeurs et ind�pendants (agricoles : 93.095 F) ; (non agricoles : 165.345 F), chez les ch�meurs (120.734 F) et les inactifs (164.359 F).Les d�penses de consommation des m�nages varient aussi suivant le milieu : urbain ou rural. Les m�nages destinent la plus importante part de leurs d�penses � des consommations de type alimentaire ; 70.381 F par personne et par an, soit environ 53% du total des d�penses individuelles. Les 47% r�siduels sont affect�s � des consommations non alimentaires, parmi lesquelles le groupe "Logement, eau, �lectricit� et autres combustibles" est le plus important. En effet, 20,3% du budget des m�nages sont consacr�s � ce groupe.Aux postes "alimentations et d�penses li�es au logement", sont consacr�s 73% du budget des m�nages. A travers l'�tude, l'on note d'ailleurs que les charges locatives gr�vent leur budget. Si au S�n�gal, 85% des m�nages sont propri�taires de leur logement, 70% des m�nages dakarois sont des locataires, contre 27,3% dans les autres centres urbains et seulement 2,7% en milieu rural. Pour ces m�nages locataires, plus de la moiti� (59%) consacrent moins de 10% de leurs d�penses globales � leurs charges locatives. Pr�s de 30% d'entre eux mettent entre 10% et 19% de leurs d�penses dans les charges locatives. Et un m�nage sur dix paie un moyen compris entre 20% et 49% de sa d�pense annuelle totale. Ces charges sont plus importantes � Dakar que dans les centres urbains et en milieu rural.Dans la hi�rarchisation des d�penses, l'habillement vient en troisi�me position puisque en moyenne annuelle, chaque S�n�galais lui consacre 10.4777 F, ce qui repr�sente 8,1% dans la consommation globale. D'autres groupes de d�penses suivent, n'exc�dant pas 5% : "ameublement, �quipements m�nagers, et entretien courant", 4,8% ; "transport et communication" 4,2% ; "sant�" 3,4% ; "enseignements" 1,4% ; "loisirs, spectacles, culture" 0,6%, h�tels, caf� et restaurants" 0,6%. les autres biens et services occupant 3,4% des d�penses.

Disparit�s dans les revenus au S�n�gal, le revenu moyen par t�te d'habitant est estim� par l'ESAM, � 220.950 F alors que le produit national brut par t�te �tait de 253.306 F en 1994 et de 279.456 F en 1995. Cette moyenne est de 416.423 F � Dakar, 403.098 dans les autres centres urbains pour ne se situer qu'� 100.038 F en milieu rural. Le document souligne aussi que 50% de la population s�n�galaise ont un revenu global annuel inf�rieur � 975.839 F. Un ratio qui se situe � 2.175.325 F � Dakar et � 1.930.328 F dans les autres centres urbains, pour 600.000 seulement en milieu rural. En mati�re de r�serves aussi, de profondes disparit�s existent selon le milieu urbain ou rural.L'enqu�te souligne d'ailleurs que 14% de S�n�galais ont un revenu annuel compris entre 100.000 et 300.000 F CFA, tandis que 3,1% ont annuellement moins de 100.000 F. Chez les S�n�galais les plus nantis, l'on constate d'apr�s les conclusions de l'�tude que 4,4% de S�n�galais ont un revenu annuel sup�rieur � 10 millions de francs. Dans la m�me dynamique, 6% de S�n�galais ont un revenu annuel compris entre 5 et 10 millions de francs CFA. La strate la plus importante (20,7% de la population) est constitu�e de nationaux ayant un revenu annuel compris entre un et deux millions de francs.Au plan des m�nages, le revenu moyen annuel est 2.231.867 F plus �lev� en milieu urbain (soit 3.769.093 F � Dakar et 3.873.423 F dans les autres villes), qu'en milieu rural (1.075.662 F). Globalement, 50% des m�nages s�n�galais auraient un revenu annuel inf�rieur � 763.758 F, une moyenne qui est de 472.093 F en milieu rural et 1.604.348 F � Dakar. 4,3% au total des m�nages ont un revenu annuel inf�rieur � 600.00 F (soit 50.000 par mois).A Dakar, 22,4% des m�nages ont moins de 600.000 annuellement contre 19,5% dans les autres villes et 61% des m�nages ruraux. Alors que globalement, 3,2% des m�nages s�n�galais ont des revenus annuels sup�rieurs � 10 millions de francs, tandis que 4,7% per�oivent annuellement des revenus compris entre 5 et 10 millions. Au niveau de la distribution des revenus, les m�mes disparit�s apparaissent, selon le milieu urbain ou rural. A relever qu'en milieu rural, seul 1% des m�nages ont des revenus annuels sup�rieurs � 10 millions.L'�tude r�v�le aussi que paradoxalement, dans un pays agricole comme le S�n�gal, les revenus agricoles sont encore trop faibles. En r�alit�, les revenus agricoles ne repr�sentent que 3,2% pour l'�levage.En valeur moyenne, les revenus globaux des m�nages sont constitu�s des r�mun�rations des salari�s (24,4%), des revenus tir�s des "unit�s de productions agricoles" (UPNA) : (27,9%) ; des revenus de la propret� (12,5%), des transferts re�us (18,9%), des revenus de l'�levage (11,2%).Les revenus des m�nages sont g�n�ralement compl�t�s par des ressources issues de l'�pargne (compte bancaire ou tontine) et des emprunts qui constituent 88% de ces ressources. La vente de biens, l'h�ritage et les jeux de hasard ne repr�sentant que 12%. Il est � signaler que dans ce poste, "autres ressources des m�nages", les emprunts sont les plus significatifs avec 44,7%.



Mamadou Matar Gueye, statisticien-d�mographe :
"Une meilleure compr�hension des besoins"
L'enqu�te s�n�galaise aupr�s des m�nages a �t� men�e sur la demande du minist�re de l'Economie, des finances et du plan, pour mettre � la disposition des autorit�s publiques des �l�ments de d�cision �conomique. Comme l'explique Mamadou Matar Gu�ye, statisticien-d�mographe � la Direction de la Pr�vision et de la Statistique :
"ses principales conclusions vont d'ailleurs servir pour approfondir la lutte contre la pauvret�, inscrite au rang de priorit� dans les orientations trac�es par le gouvernement". "Ces indicateurs socio-�conomiques r�v�l�s par l'enqu�te vont aussi permettre une analyse diff�rentielle entre certaines cat�gories de m�nages pour mieux faire appara�tre la compr�hension des ph�nom�nes de pauvret�, en milieu urbain comme rural", a pr�cis� M. Gu�ye.
"Il sera possible ainsi pour les autorit�s, dans la lutte contre la pauvret�, d'inclure plus d'�quit� en mati�re de distribution de revenus et d'infrastructures de base".Dans le domaine de l'acc�s � l'eau potable, � l'�ducation et � la sant�, le statisticien-d�mographe explique que les tendances d�gag�es par l'enqu�tes vont �tre prises en compte dans la d�finition et la mise en œuvre des politiques sociales. Et les autorit�s vont, sur la base des conclusions du document, tenter une correction de certains d�s�quilibres entre les m�nages, en milieu urbain et en milieu rural, pour am�liorer la productivit� des populations s�n�galaises. "Il y a des choix � op�rer ainsi que des urgences, et l'Etat va maintenant bien mettre l'accent sur certaines priorit�s".Le statisticien d�mographe souligne que l'enqu�te a d'autre part permis de mieux mesurer l'impact des politiques �conomiques mises en branle depuis quelques ann�es et leur cons�quences sur le v�cu quotidien des m�nages s�n�galais.

Oumar Diagne, socio-anthropologue :
"La pauvret�, une notion � relativiser"
"En occident,l'on est pauvre quand, en de�� d'un certain seuil, l'on est inapte � satisfaire certains besoins primaires relatifs au logement, � la nourriture, � l'�ducation, aux loisirs... Alors qu'en Afrique, l'on est pauvre selon une certaine tradition bien �tablie, quand on a rien � partager avec ses proches, cela, tant du point de vue psychologique que du point de vue mat�riel". Pour le socio-anthropologue Oumar Diagne, ma�tre de conf�rence � l'universit� Cheikh Anta Diop de Dakar, la pauvret� comme la promiscuit�, notions largement usit�es maintenant du fait de la crise, est � relativiser parce que ne recoupant pas les m�mes r�alit�s en Afrique et en Occident.Son sentiment est que "ce concept de pauvret� des m�nages est v�hicul� au niveau de l'Administration s�n�galaise, ainsi que dans certaines classes sociales, repose davantage sur des consid�rations li�es au pouvoir d'achat que sur des questions proprement humaines". "Dans la soci�t� s�n�galaise, quelqu'un qui a les moyens et qui les partage avec les autres, on dira de lui qu'il est large ("yaatu"). Or un tel individu, en Occident, ne pourrait jamais r�ussir socialement, �tant donn� tous les calculs dont est enclin l'homo�conomicus". Le professeur Diagne est ainsi d'avis que "sans cette notion de partage g�n�ralement bien admise en Afrique, de s�rieuses questions de survie se poseraient" pour les individus et les populations. Part ailleurs, il souligne que les contraintes de la vie moderne n'autorisent plus ce sens du partage et de la g�n�rosit� , "�tant donn� toutes les charges qui r�gissent aujourd'hui, le go�t du bien-�tre dans une famille �quilibr�e, l'�ducation des enfants". Sans bannir cette l�gendaire g�n�rosit� communautaire africaine et s�n�galaise, v�ritable rempart contre la pauvret�, Oumar Diagne fait remarquer qu'"un certain sens social devra nous incliner � nous r�gler sur les exigences de la modernit�, tout en ne sacrifiant pas l'�lan de solidarit� parentale ou g�n�alogique, qui est encore un bienfait dans
nos soci�t�s".

Cheikh Thiam


copyright World Wide Wolof au S�n�gal     (Christian COSTEAUX)