LA SOCI�T� S�N�GALAISE
La femme : la femme s�n�galaise malgr� la religion musulmane pr�dominante a une ind�pendance et une autonomie que nombre de femmes dans les pays industrialis�s leur envieraient. Pr�sentes dans tous les domaines �conomiques (financier gr�ce � limposant syst�me des "tontines", agricole avec un dur travail dans les champs, commercial car elles d�tiennent le monopole du commerce de fruits et l�gumes, ...), nombres dentres elles sont arriv�es aux plus hauts postes du pays (d�put�s, ministres, PDG...).
S�ductrices, extraverties, appr�ci�es par tous les africains, � ce titre, elles entendent bien repr�senter toutes les femmes africaines dans leurs luttes pour lam�lioration de la vie du continent. Combat pour lavortement, contre lexcision, contre la polygamie etc...on ne voit quelles � la t�l�vision nationale la RTS. Le journal du soir pr�sent� un jour sur deux par une femme montre � quel point elles se sont impos�es ces derni�res ann�es comme citoyennes � part enti�re. Certains vont jusqu� dire que si une femme devenait pr�sidente cela ouvrirait vite les portes du d�veloppement. Dans la soci�t� Bassari, un parlement de femme se r�unit plusieurs fois par mois dans un lieu tr�s secret o� elles exposent tous leurs griefs � la femme du chef qui interviendra aupr�s de son mari. Dans le royaume Diola des Floups, la reine a �galement un pouvoir tr�s important au niveau de la ville dOussouye. Rappelons-nous que le chef de file de la r�sistance anti-coloniale en Casamance �tait la reine Diola Aline Sito� Diatta.
Cependant, cette situation privil�gi�e de la majorit� des femmes ne doit pas cacher la situation difficile que connaissent les autres. On estime � 25%, le nombre de femmes ou de jeunes filles excis�es au S�n�gal. Si en ville la pratique a presque disparu du fait de linformation prodigu�e � la t�l�vision ou dans les associations et des lois tr�s s�v�res, dans les campagnes elle reste courante notamment chez les Peulhs et les Toucouleurs du S�n�gal oriental. Il nest pas rare de voir malgr� les consignes de s�v�rit� donn�es aux gendarmes des excisions collectives r�alis�es dans des villages. Chez les Peulhs, cest comme la circoncision une occasion de f�te. Les jeunes filles excis�es (10-12 ans) se prom�neront en boubou blanc avec un sceptre durant plusieurs jours. Les artistes f�minines du pays d�noncent ces pratiques depuis plusieurs ann�es avec des r�sultats encourageants. Les responsables musulmans sy mettent �galement en rappelant que lexcision nest pas un pr�cepte islamique. On saper�oit en somme tr�s vite que ces femmes veulent bien plus que les hommes devenir modernes. Le polygamie est rejet�e en masse, et la mode si africaine avec les fameux boubous multicolores est une des priorit�s tant des jeunes filles que des femmes mari�es. Cette libert� vestimentaire nest dailleurs possible que gr�ce � lautonomie financi�re que leur donne leur petite activit� commerciale ou salari�e (le plus souvent m�nage).
La polygamie : Les sociologues estiment quaujourdhui seuls 12% des m�nages sont polygames et que cette pratique tends � dispara�tre un peu plus chaque ann�e. Mais il faut bien s�r relativiser. LAfrique Noire na jamais �t� une soci�t� � majorit� de maris polygames. Ce mode dunion na toujours b�n�fici� quaux plus riches. Traditionnellement ce nest m�me quaux chefs de villages que revient ce privil�ge. La plupart des femmes refuseraient dailleurs de se marier avec un homme d�j� "muni" dune �pouse. Dans tous les cas les maris ayant plus de 4 �pouses sont inexistants puisque ce chiffre est la limite quimpose lislam. Il ny a gu�re que dans les zones rurales que ce probl�me se pose du fait du syst�me de "pr�-mariage" pratiqu� par les parents qui d�cident � lavance du mari quaura leur fille. La polygamie est autoris�e par la loi s�n�galaise mais des textes tr�s pol�miques pourraient �tre vot�s dans les prochains mois.
La famille : comme sur le reste du continent, la famille reste le noyau de la soci�t� s�n�galaise. Cest gr�ce � cette famille que la population "tient le coup" malgr� la crise chronique que conna�t le pays. Mais cest aussi tr�s s�rement � cause de ce lien pesant que le pays � du mal � se d�velopper. Cest en conciliant cette solidarit� � une conception plus autonome de lindividu que des progr�s r�elsLes th�mes tr�s vari�s tournent n�anmoins le plus souvent autour des probl�mes de sant� : SIDA, chol�ra, paludisme.... mais aussi autour des th�mes de soci�t� : �pargne, planification familiale, �ducation... Cest pour l�tranger (souvent convi� � ces causeries) un excellent moyen de conna�tre les probl�mes rencontr�s au S�n�gal et les opinions que la population sen fait.
L�lectricit� est �galement g�n�ralis�e puisque 98 % des foyers Dakarois ont du courant chez eux. L� encore les "arrangements y sont pour quelques choses puisquun m�me compteur et donc un m�me abonnement profite souvent � plusieurs familles. Paradoxalement leau est pr�sente dans beaucoup moins de foyer que l�lectricit�. Mais cest aussi un probl�me de traditions. En effet, leau est souvent achet�e aux fontaines publiques qui sont un lieu de palabre excellent pour les m�nag�res.
Le t�l�phone est �galement un service rarement pr�sent dans les foyers. Mais les t�l�centres, v�ritable ph�nom�ne s�n�galais, fourmillant dans tous les quartiers remplacent avantageusement les abonnements co�teux de la SONATEL.
Ainsi les Dakarois b�n�ficient dun niveau de vie enviable en Afrique de lOuest. Les infrastructures sont r�guli�rement entretenues et l�clairage nocturne est omnipr�sent.
De nombreux nouveaux quartiers ont �t� b�tis en toute intelligence et leur convivialit� nest pas � critiquer. Tel est le cas de quartiers de classe moyenne comme les LIBERT�, les AMITI� , les BAOBAB de quartiers populaires tels que les Parcelles Assainies, les H.L.M., les SACRE CUR ou BOP et des quartiers r�serv�s aux nantis comme POINT E, FANN, HANN Plage, les ALMADIES, ou Mermoz.
Cependant, m�me si les bidonvilles du type "favelas" br�siliennes nexistent pas, de nombreux quartiers populaires ont connu une expansion anarchique et la construction sauvage fait quil est difficile de vivre ou plus simplement dagrandir son logement. C'est dans ces quartiers d�munis quil nest pas rare de voir 10 personnes ou plus dormir dans la m�me pi�ce. Cest le cas du groupe Pikine-Gu�diawaye-Thiaroye , sans contexte le plus difficile � vivre du pays.
Si la mis�re existe au S�n�gal, ce nest pas dans les zones rurales mais bel et bien dans cet ensemble de quartiers � la d�mographie galopante dont la population a d�pass� celle de Dakar il y plus de dix ans. Cependant un double espoir se profile pour les habitants de ces quartiers.
Le gouvernement doit fermer la�roport de Yoff (ou du moins le r�duire de 70% afin de pr�server une base a�rienne militaire) et vendre � petit prix les terrains. Un nouvel a�roport devrait �tre construit � Bargny pour �viter les nuisances dun trafic a�rien grandissant et rapprocher les touristes des cha�nes dh�tels de la Petite C�tes. Le deuxi�me espoir est la "parcellisation" des terres � lEst de Dakar . Ceci permettra une nouvelle fois de d�gorger les quartiers pikinois bordant ce secteur Est.
Quoi quil en soit, quils habitent dans de nouveaux quartiers ou dans les pires, le mot dordre des jeunes s�n�galais est "d�brouillardise". Moins dun Dakarois sur 50 est employ� � plein temps et touche un salaire. Tous font donc de petits boulots occasionnels leurs permettant daider la famille, de se v�tir et de sortir. En outre tous les L�bous sont p�cheurs quand ils nont rien dautre � faire. Des villages entiers ont la p�che pour principale activit�. Ngor, Yoff, Yerar et Bargny sont donc les villages de p�cheurs par excellence. Dans une moindre mesure Ouakam et Gu�diawaye ont de nombreux p�cheurs. Une partie de tous ces p�cheurs ont cette activit� pour profession exclusive. Mais les jeunes la pratique occasionnellement et surtout en p�riode vacances scolaires. Lapprentissage est aussi pour cette immense classe d�ge une moyen de gagner quelques C.F.A. Mais soulignons que cet apprentissage ressemble plus � une exploitation tyrannique. Il sexerce dans de nombreux domaines mais principalement dans la couture, les transports et la m�canique. Lapprenti na aucun statut et sa r�mun�ration est laiss�e � lenti�re appr�ciation du ma�tre dapprentissage. Elle d�passe rarement 5000CFA par mois. La dur�e de ces formation est en g�n�ral de 3 ou 4 ans, mais elle peut �tre plus longue et aller jusqu� 8 ans.
La d�linquance : le S�n�gal est un des pays dAfrique qui a le plus faible taux de d�linquance. M�me � Dakar elle est assez faible pour passer inaper�ue. Il est � notre avis dommage que les tr�s rares personnes ayant subi cette d�linquance la fassent passer pour une g�n�ralit�. M�me les quartiers r�put�s "dangereux" tels que Pikine, Thiaroye, Grand Yoff ou Grand Dakar nabritent que de tr�s rares "bandits". A vrai dire, le pire des quartiers s�n�galais ne vaut pas , question ins�curit�, le plus tranquille quartier parisien. Mais la plupart des Dakarois sont originaires de villages ruraux o� rien ne se passe. La vie dakaroise leur fait donc assez peur pour essayer de vous communiquer cette phobie de l'agression.. Leur superstition les emp�che aussi de sortir seuls � certaines heures. Donc sans tenter le diable vous pourrez vous balader � nimporte quelle heure dans tous les quartiers de Dakar. Cest dautant plus vrai si vous �tes en groupe.
Bien-s�r, il existe quand-m�me des grands d�linquants mais ils sont rares et tr�s rarement s�n�galais. En effet il sagit pour la plupart de r�fugi�s anglophones sans foi ni loi. Les prisons s�n�galaises sont ainsi pleines de Gambien, de Sierra-L�onnais, de Lib�riens, de Ghan�en et de Nig�rians.
Les pickpockets et les petits arnaqueurs pullulent par contre � Dakar et � Mbour et dans une moindre mesure dans les autres grandes villes s�n�galaises. Il est impossible de les �viter et la seule parade est d�tre plus malin queux (ce qui nest pas difficile) en les prenant � leur propre jeu.
La prostitution : Cest un v�ritable probl�me de soci�t� au S�n�gal comme dans lensemble de lAfrique Noire. La prostitution "professionnelle" touche assez peu de femmes (leur nombre est �valu� par diff�rents organismes � moins de 8000 sur lensemble du territoire). Seule "consolation" pour ces jeunes filles elles exercent en bo�te de nuit et ne font pas le trottoir. Le ph�nom�ne de prox�n�tisme et �galement absent. Le gouvernement aid� des ONG essaye daider ces filles depuis plusieurs ann�es en les obligeant � avoir une carte sanitaire r�guli�rement mise � jour apr�s examen m�dical et test HIV. Le probl�me tient en fait aux femmes qui se prostituent pour arrondir les fins de mois ou acc�der � un mode de vie sup�rieur. A Dakar en particulier et dans lensemble du pays une cat�gorie de jeunes filles �changent leurs charmes contre de petites sommes dargent pour acheter des pacotilles, perruques et v�tements "a leurop�enne" co�teux. A l�chelle nationale les sommes impliqu�es sont n�anmoins �normes. La multiplication des partenaires favorise �videmment les MST et en particulier le SIDA. Cest le cas notamment en zone rurale ou lusage du pr�servatif reste marginal. Le deuxi�me cat�gorie de non-professionnelles est constitu�e de femmes d�ge sup�rieur mari�es ou c�libataires avec enfants et que la mis�re pousse pour nourrir leurs enfants � se prostituer occasionnellement.
"MBARAAN" (un
article de Sud quotidien du 9 juin 99)
La frivolit� du couple de hasard
Idem pour les hommes qui passent leur temps � courir tranquillement apr�s les jupons, en faisant montre dune grande g�n�rosit�, au point de se compromettre et de sacrifier les d�penses familiales sur lautel de la recherche du plaisir. Ces hommes ne sont pas que des victimes, bien au contraire. Toutefois, le plus souvent, ce sont les femmes, de plus en plus jeunes aujourd'hui, qui prennent les initiatives, faisant valoir leurs mensurations et dautres arguments corporels. Au m�me titre que les gar�ons dont on dit quils passent tout leur temps � papillonner les jeunes filles (il se disait, il ny a gu�re, que le "mbaraan" est le fait exclusif des dames) collectionnent les amants quelles appellent leurs "mbaraan" . Ils sont des hommes pour qui elles n�prouvent aucun attrait sentimental, sinon celui du gain. Nignorant pas souvent les intentions affich�es ou cach�es de ces jeunes filles, des hommes participent volontiers au jeu, g�n�ralement � linsu de leurs �pouses et au d�triment de leurs familles, pourvu seulement quils arrivent � satisfaire leurs d�sirs de poss�der de la "chair tendre".
"Je suis une femme divorc�e. Jai d�j� comptabilis� plusieurs ann�es de mariage et je suis m�re de deux enfants. Avec tout cela, jestime avoir d�pass� l�ge o� il faut d�velopper des sentiments damour-passion. Actuellement, si je sors avec un homme, il doit �tre en mesure de mentretenir financi�rement et de maider dans la scolarisation de mes enfants", explique A�ssatou, 39 ans, op�ratrice de saisie dans une entreprise de la place. Selon elle : "cela nest pas de la prostitution, mais simplement un r�alisme qui d�coule dune certaine maturit� dans les relations entre gar�ons et filles". Pour satisfaire ces pr�occupations, A�ssatou d�clare quelle ne peut se suffire dun seul amant. Qui plus est :"la plupart des coureurs de jupons sont des salari�s, responsables de famille. Ils nont pas souvent assez de moyens pour prendre en charge financi�rement et leur famille et leurs ma�tresses".
Dans les bo�tes de nuit, les caf�s, cin�mas et m�me dans la rue, ce sont des jeunes adolescentes que lon voit en compagnie d'hommes m�rs, dont certains ont l�ge de leur p�re. Le jour, elles font le tour des bureaux des administrations des entreprises pour empocher quelques billets leur permettant de sacheter des habits ou plus g�n�ralement de menues choses.
Interpell�e, Absa, 26 ans, explique que : "la plupart des jeunes filles, adeptes du mbaraane ont d�j� leurs petits amis, quelles aiment jalousement. Mais, comme les temps sont durs, leurs petits copains nont pas souvent les moyens de r�gler leurs probl�mes. Vous savez, avec la mode qui �volue r�guli�rement, nous sommes oblig�es de renouveler nos gardes-robes. Tout le monde sait que ce ne sont pas les gar�ons daujourdhui qui donnent largent de poche � leurs copines". Son amie, Bineta de poursuivre : " au contraire, maintenant ce se sont les jeunes-filles qui d�pensent pour leurs copains afin de les retenir. Pour cela, il faut trouver de largent, m�me si on ne travaille pas, car il existe des femmes, des driank�s sans pudeur, qui sont pr�tes � d�penser des fortunes pour nous prendre nos petits amis. Que voulez-vous que nous fassions alors ?" Anta, une �tudiante en premi�re ann�e de Sciences �conomiques, est plus tranch�e. Selon elle : " aucun gar�on nose jurer que sa petite amie ne fait pas de mbaraane. Car, ils nous aiment belles et �l�gantes, mais rechignent � nous demander de largent. Pourtant, ils savent pertinemment que nous ne ramassons pas ce que nous portons. De m�me, quand nous leur faisons des cadeaux, ils ne nous les retournent pas, ni ne nous demandent comment nous avons pu nous les procurer".
Ainsi, pour gagner de largent facilement et se faire belles, ces jeunes filles multiplient leurs partenaires en faisant fi des risques encourus sur les plans de la sant� et de la morale. Abdou Sall, appelons-le ainsi, un comptable, la cinquantaine consomm�e, est f�ru de disquettes (Ndlr : les adolescentes mondaines). Selon lui : "les disquettes sont fascinantes. Elles vous amusent, vous aident � faire le vide". A len croire : "� longtemps fricoter avec elles, on se fait une nouvelle jeunesse, on comprend mieux leur g�n�ration. Il suffit seulement de savoir se comporter avec elles". Interrog� sur les sommes importantes dargent quelles exigent aux hommes, Abdou Sall trouve que :"cela nest rien compar� � tout ce quelles vous rapportent. Surtout que leurs exigences ne sont que des caprices de jeunes filles".
Pour cet autre quinquag�naire : "ce qui est int�ressant chez les jeunes filles, cest quelles nous permettent de changer de discours. Elles nous stimulent et nous incitent � �tre plus regardant sur notre mise, entre autres". Et de pr�ciser que : " nous prenons toutes nos dispositions pour �viter les travers".
Bassirou SOW
La densit� et le faible co�t des transports en commun favorise �galement ce faible exode rural car lhabitant du petit village recul� peut tr�s bien se rendre en ville pour quelque achat sans pour autant devoir y r�sider plusieurs jours.
Malgr� tout un certain nombre de "campagnards" ont d� sinstaller en ville ces derni�res ann�es. Mais durant les premiers jours de lhivernage, ils retournent dans leur grande majorit� aider la famille dans les champs.
Aujourdhui, la r�gion la plus touch�e par lexode rural est tr�s s�rement la Casamance dont les villageois ont quitt� la campagne pour fuir les exactions des "rebelles".
Extrait d'un num�ro sp�ciale de Sud, quotidien s�n�galais:
Comment vivent les
s�n�galais ?
(Par Cheikh Thiam - Lundi 16 juin 1998)
En mati�re dhabitat et d�quipements, comment vivent les S�n�galais ? Quel
est le profil de leur cadre environnemental imm�diat ? Lenqu�te s�n�galaise
aupr�s des m�nages r�alis�e parla Direction et la Pr�vision et de la Statistique a
tent� de r�pondre � ces questions, en �tudiant de mani�re approfondie leur niveau et
mode de vie. Lanalyse de leurs conditions de vie, du confort de leur logement, des
�quipements domestiques dont ils disposent a permis de camper les diff�rents profils de
la famille s�n�galaise. Le type de logement, le statut doccupation (propri�taire
ou locataire), le nombre de pi�ces des habitations, les �l�ments de confort comme le
t�l�phone, la voiture, l�lectricit�, leau courante, etc, ont �t� pass�s
au peigne fin.Tendances : R�alisme Confort : des m�nages mieux lotis, mais...Fortes
d�penses alimentaires
Disparit�s dans les revenus
Mamadou Matar Gueye, statisticien-d�mographe :
"Une meilleure compr�hension des besoins"Oumar Diagne, socio-anthropologue :
"La pauvret�, une notion � relativiser"
Tendances : R�alisme
Les princes de lostentation continueront pour longtemps encore � d�fier le bon
sens, mais les S�n�galais sont de moins en moins nombreux � les prendre pour mod�les,
parce quayant convenablement assimil� les le�ons de la crise des ann�es
quatre-vingt et celles de lapr�s-d�valuation. Plus r�alistes que nagu�re, ils
ont plut�t tendance � investir dans des valeurs s�res, � d�penser juste.Ce revirement
trouve une assez nette illustration dans la forte augmentation des constructions en dur,
aussi bien dans les villes quen milieu rural. Et si les cases et les baraques
tendent � leur c�der la place, cest que tout un chacun est convaincu quune
maison bien � soi est un placement qui lib�re du diktat des sp�culateurs fonciers et
immobiliers, peut donner des opportunit�s de rente, et surtout s�curise durablement une
famille, dans un cadre que lon cherche � rendre le plus confortable et agr�able
possible.Par le biais de lauto construction �volutive, et des programmes
immobiliers dans une bien moindre mesure, pr�s de la moiti� des m�nages s�n�galais
sont aujourdhui propri�taires de leur demeure. Lautre moiti� nest
toutefois pas pr�s de sortir de lauberge.Le r�alisme s�n�galais se mesure
�galement � la taille des m�nages qui tendent � se contenir dans des limites
raisonnables. Ce nest pas seulement le planning familial qui explique cela. Les
familles urbaines se restreignent de plus en plus � leur noyau de base, pour limiter
leurs charges et soffrir des commodit�s et conditions de vie compatibles avec leur
niveau de revenu. La solidarit� avec la famille �largie en prend bien �videmment un
sacr� coup, quoiquelle devrait pouvoir sorganiser autrement.Mais le r�alisme
ne r�sout pas tous les probl�mes. Les S�n�galais ont en effet beau sajuster �
la conjoncture, serrer la ceinture, chercher � mieux orienter leurs d�penses et g�rer
leurs charges, leurs ressources leur permettent difficilement de joindre les deux bouts.
Comment pourrait-il en �tre autrement avec un revenu moyen per capita qui ne d�passe pas
un dollar par jour ? A quelques rares exceptions pr�s, les charges incompressibles des
salari�s sont largement sup�rieures � leurs gains, ce qui r�duit tr�s fortement leurs
possibilit�s d�pargne. On comprend pourquoi la plupart sadonnent � des
activit�s parall�les pour quelques exp�dients. Les difficult�s sont encore plus
aigu�s dans le monde rural, et plus particuli�rement dans les zones o� la production
agricole est tributaire dune pluviom�trie on ne peut plus capricieuse.
Linformel a ses hauts, mais �galement beaucoup de mauvaises passes du fait de son
engorgement et de ses al�as. Aussi est-il normal que la demande sociale sexprime
avec insistance pour laugmentation des salaires pratiquement bloqu�s depuis la
d�valuation du franc CFA, la baisse de la fiscalit� directe, et la r�percussion de la
r�duction g�n�rale des droits de porte sur les prix pratiqu�s sur le march� local. Il
est sans doute vrai que les acquis engrang�s depuis le changement de parit� du franc CFA
sont encore fragiles, et quil faut laisser m�rir ce bl�, plut�t que de le
consommer en herbe. Toujours est-il que lam�lioration, par quelque moyen quil
puisse �tre, du revenu des populations devenues beaucoup plus r�alistes, leur donnerait
encore plus de motivations � participer � luvre collective du d�veloppement
national, � la concr�tisation de cette qu�te incessante pour le mieux �tre.
Dautant quune consommation mieux orient�e est un facteur de dynamisme pour la
production locale quil sagit de stimuler plus vigoureusement.Les princes de
lostentation continueront pour longtemps encore � d�fier le bon sens, mais les
S�n�galais sont de moins en moins nombreux � les prendre pour mod�les, parce
quayant convenablement assimil� les le�ons de la crise des ann�es quatre-vingt et
celles de lapr�s-d�valuation. Plus r�alistes que nagu�re, ils ont plut�t
tendance � investir dans des valeurs s�res, � d�penser juste.Ce revirement trouve une
assez nette illustration dans la forte augmentation des constructions en dur, aussi bien
dans les villes quen milieu rural. Et si les cases et les baraques tendent � leur
c�der la place, cest que tout un chacun est convaincu quune maison bien �
soi est un placement qui lib�re du diktat des sp�culateurs fonciers et immobiliers, peut
donner des opportunit�s de rente, et surtout s�curise durablement une famille, dans un
cadre que lon cherche � rendre le plus confortable et agr�able possible.Par le
biais de lauto construction �volutive, et des programmes immobiliers dans une bien
moindre mesure, pr�s de la moiti� des m�nages s�n�galais sont aujourdhui
propri�taires de leur demeure. Lautre moiti� nest toutefois pas pr�s de
sortir de lauberge.Le r�alisme s�n�galais se mesure �galement � la taille des
m�nages qui tendent � se contenir dans des limites raisonnables. Ce nest pas
seulement le planning familial qui explique cela. Les familles urbaines se restreignent de
plus en plus � leur noyau de base, pour limiter leurs charges et soffrir des
commodit�s et conditions de vie compatibles avec leur niveau de revenu. La solidarit�
avec la famille �largie en prend bien �videmment un sacr� coup, quoiquelle
devrait pouvoir sorganiser autrement.Mais le r�alisme ne r�sout pas tous les
probl�mes. Les S�n�galais ont en effet beau sajuster � la conjoncture, serrer la
ceinture, chercher � mieux orienter leurs d�penses et g�rer leurs charges, leurs
ressources leur permettent difficilement de joindre les deux bouts. Comment pourrait-il en
�tre autrement avec un revenu moyen per capita qui ne d�passe pas un dollar par jour ? A
quelques rares exceptions pr�s, les charges incompressibles des salari�s sont largement
sup�rieures � leurs gains, ce qui r�duit tr�s fortement leurs possibilit�s
d�pargne. On comprend pourquoi la plupart sadonnent � des activit�s
parall�les pour quelques exp�dients. Les difficult�s sont encore plus aigu�s dans le
monde rural, et plus particuli�rement dans les zones o� la production agricole est
tributaire dune pluviom�trie on ne peut plus capricieuse. Linformel a ses
hauts, mais �galement beaucoup de mauvaises passes du fait de son engorgement et de ses
al�as. Aussi est-il normal que la demande sociale sexprime avec insistance pour
laugmentation des salaires pratiquement bloqu�s depuis la d�valuation du franc
CFA, la baisse de la fiscalit� directe, et la r�percussion de la r�duction g�n�rale
des droits de porte sur les prix pratiqu�s sur le march� local. Il est sans doute vrai
que les acquis engrang�s depuis le changement de parit� du franc CFA sont encore
fragiles, et quil faut laisser m�rir ce bl�, plut�t que de le consommer en herbe.
Toujours est-il que lam�lioration, par quelque moyen quil puisse �tre, du
revenu des populations devenues beaucoup plus r�alistes, leur donnerait encore plus de
motivations � participer � luvre collective du d�veloppement national, �
la concr�tisation de cette qu�te incessante pour le mieux �tre. Dautant
quune consommation mieux orient�e est un facteur de dynamisme pour la production
locale quil sagit de stimuler plus vigoureusement.Amadou Fall
Confort : des m�nages mieux lotis, mais...Ainsi, 37,5% des m�nages s�n�galais habitent
dans des cases ou des baraques, alors que 62,5% habitent dans des maisons en dur. Ces taux
ne sont respectivement que de 3,7% et 96,3% s'agissant de Dakar. Alors qu'en milieu rural,
55% des m�nages vivent dans une maison en dur. "Le logement des m�nages s'am�liore
avec l'urbanisation", note d'ailleurs le rapport de l'enqu�te, qui a mis en relief
l'existence de 777.931 m�nages pour l'ensemble du S�n�gal, par rapport � une
population totale estim�e � 7.884.257 habitants en fin septembre 1994.Sur l'ensemble des
m�nages, 66,7% seraient propri�taires de leur logement. Ce ratio est de 42,8% � Dakar,
de 57,3% dans les autres centres urbains et de 79,7% en milieu rural. Parall�lement, 13%
des m�nages seraient locataires simples au S�n�gal. A Dakar, ce sont 40,1% des
m�nages, 18,4% dans les autres centres urbains et seulement 0,5% en milieu rural. Les
"locataires-acheteurs" des programmes immobiliers ne repr�sentent qu'une infime
portion (0,5% de l'ensemble des m�nages s�n�galais) et ne se rencontrent qu'� Dakar et
dans les centres urbains du S�n�gal.Le document indique aussi que dans l'ensemble, 79%
des m�nages sont "normalement peupl�s" (soit trois m�nages sur quatre
environ). Cet indice de peuplement souligne qu'un m�nage est surpeupl� si le nombre de
personnes qui le composent est sup�rieur au nombre de chambres du logement. Ces m�nages
surpeupl�s sont par ailleurs plus fr�quents en milieu urbain qu'en milieu rural.
L'indice de peuplement donne une id�e de la "promiscuit�" qui existe dans le
m�nage.Au chapitre des �l�ments de confort, 81% des m�nages vivant en milieu rural ne
dispose d'aucun moyen de confort (eau, �lectricit� et WC). Seuls 5% des m�nages sont
concern�s � Dakar contre 23,5% dans les autres centres urbains. Dans l'ensemble, 19,1%
des m�nages s�n�galais disposent de ces trois �l�ments de confort, signe d'un certain
niveau de vie.C'est ainsi qu'en milieu rural, la lampe-temp�te constitue le principal
moyen d'�clairage. C'est seulement, un peu plus du quart des m�nages s�n�galais (28%),
qui s'�clairent � l'�lectricit�. A Dakar et dans les centre urbains, ce sont
respectivement 73% et 51% des m�nages qui ont acc�s � l'�lectricit�. Mais, un
paradoxe est � relever : "c'est � Dakar que la bougie est relativement la plus
utilis�e ; 13,2% des m�nages dakarois y ont recours contre 4 � 6% dans le reste du
S�n�gal".A travers le rapport de l'ESAM, l'on note aussi que 55,5% des m�nages
utilisent le bois de chauffe pour faire la cuisine et 21% le charbon de bois. C'est �
Dakar et dans les centres urbains que l'utilisation du gaz et du charbon est plus
importante. Dans la capitale s�n�galaise, 66,3% des m�nages emploient le gaz contre
29,1% pour le charbon. Ces ratios sont respectivement de 25% et 39,3% dans les autres
centres urbains.L'enqu�te r�v�le aussi, au chapitre de l'�quipement des m�nages, que
"l'utilisation du t�l�phone � domicile et de la voiture personnelle, semble
conna�tre un accroissement vigoureux". N'emp�che, le nombre de m�nages poss�dant
ces deux attributs de confort, est encore faible. Au moment de l'enqu�te, seuls 5% des
m�nages s�n�galais avaient le t�l�phone � domicile. A Dakar et dans les centres
urbains, ce sont respectivement 11,4% et 9,3% des m�nages. Comme le t�l�phone, la
disposition d'une voiture personnelle est encore faible (moins de 4% des m�nages). Dans
la capitale, ce sont 10,2% des m�nages qui sont dot�s de v�hicules priv�s.Il ressort
aussi de l'enqu�te que la radio et la radio-cassette sont les �quipements les plus
r�pandus dans les m�nages s�n�galais. Pr�s de 72% des m�nages en seraient �quip�s.
Par contre, seuls 5,5% des m�nages poss�dent une vid�o. (16% � Dakar), 21% disposent
d'un t�l�viseur (50% des m�nages � Dakar), 13,1% ont un r�frig�rateur (environ le
tiers de m�nages de Dakar)... Une grande disparit� est ainsi not�e entre Dakar et le
reste du S�n�gal. Les m�nages dakarois ont en effet un meilleur acc�s aux commodit�s
de la vie moderne. Si 14% des m�nages dakarois poss�dent une cha�ne � musique, il
reste que l'ordinateur est encore loin d'�tre un bien courant.
Fortes d�penses alimentaires.En 1994, ann�e r�f�rence de lenqu�te, 777.931
m�nages ont globalement d�pens� 114 milliards 482 millions de francs CFA. Ce qui donne
une d�pense moyenne par personne et par an (DPA) de 147.495 F CFA et une d�pense moyenne
annuelle par m�nage de 1.494.852 F CFA. Le rapport estime que la DP r�elle est de
114.225 F CFA si lon soustrait la part de lautoconsommation. De 1991, ann�e
de la r�alisation de lEnqu�te sur les Propri�t�s (ESP) � 1994, le taux
daccroissement moyen annuel de la DPA a �t� de 7,8%.Si 23,6% des m�nages sont
concentr�s � Dakar, 18,9% dans les autres centres urbains et 57,5% en milieu urbain, ces
m�nages nont pas les m�mes habitudes de consommation, ni les m�mes niveaux de
r�serves. Cest ainsi que les d�penses moyennes par personne ou par m�nage sont
diff�rentes selon les milieux. Cest ainsi que "60% des m�nages ruraux ont une
DPA inf�rieure � 100.000 F contre 17,5% des m�nages des autres centres urbains et 7,7%
� Dakar".Bien �videmment, les d�penses des m�nages sont proportionnelles � leur
taille. Ce dernier �l�ment accentue ainsi la disparit� dans les d�penses des
m�nages.Dans la distribution, le nombre de m�nages dirig�s par les hommes est le plus
important et s�l�ve � 80,4% de lensemble. Ces m�nages constituent 84,8% de
la population globale et leur part de d�penses est de 82,1% de lensemble des
d�penses annuelles des m�nages. En moyenne, la d�pense des m�nages dirig�s par les
hommes est de 1.527.110 F, contre 1.362.957 F pour celle des femmes. Au niveau individuel,
les d�penses sont respectivement de 142.813 F et 173.570 F. A retenir que les m�nages
dirig�s par les femmes sont moins peupl�s.Le rapport r�v�le aussi quil existe
une grande disparit� entre les d�penses moyennes par t�te, suivant le niveau
dinstruction. Ainsi, les chefs de m�nage de niveau sup�rieur ont une DPA plus
�lev�e (4.920.300 F), alors que ceux "sans instruction" ont une DPA plus
faible (1.206.636 F). Lappartenance � un groupe socio-�conomique est aussi source
de disparit� dans les d�penses."Les moyennes de d�penses par personne sont plus
�lev�es chez les chefs de m�nages salari�s" : cadres sup�rieurs (381.371 F),
employ�s (288.918 F), professions interm�diaires (286.340 F) et ouvriers (165.377 F).
Par contre, ces niveaux sont faibles chez les employeurs et ind�pendants (agricoles :
93.095 F) ; (non agricoles : 165.345 F), chez les ch�meurs (120.734 F) et les inactifs
(164.359 F).Les d�penses de consommation des m�nages varient aussi suivant le milieu :
urbain ou rural. Les m�nages destinent la plus importante part de leurs d�penses � des
consommations de type alimentaire ; 70.381 F par personne et par an, soit environ 53% du
total des d�penses individuelles. Les 47% r�siduels sont affect�s � des consommations
non alimentaires, parmi lesquelles le groupe "Logement, eau, �lectricit� et autres
combustibles" est le plus important. En effet, 20,3% du budget des m�nages sont
consacr�s � ce groupe.Aux postes "alimentations et d�penses li�es au
logement", sont consacr�s 73% du budget des m�nages. A travers l'�tude, l'on note
d'ailleurs que les charges locatives gr�vent leur budget. Si au S�n�gal, 85% des
m�nages sont propri�taires de leur logement, 70% des m�nages dakarois sont des
locataires, contre 27,3% dans les autres centres urbains et seulement 2,7% en milieu
rural. Pour ces m�nages locataires, plus de la moiti� (59%) consacrent moins de 10% de
leurs d�penses globales � leurs charges locatives. Pr�s de 30% d'entre eux mettent
entre 10% et 19% de leurs d�penses dans les charges locatives. Et un m�nage sur dix paie
un moyen compris entre 20% et 49% de sa d�pense annuelle totale. Ces charges sont plus
importantes � Dakar que dans les centres urbains et en milieu rural.Dans la
hi�rarchisation des d�penses, l'habillement vient en troisi�me position puisque en
moyenne annuelle, chaque S�n�galais lui consacre 10.4777 F, ce qui repr�sente 8,1% dans
la consommation globale. D'autres groupes de d�penses suivent, n'exc�dant pas 5% :
"ameublement, �quipements m�nagers, et entretien courant", 4,8% ;
"transport et communication" 4,2% ; "sant�" 3,4% ;
"enseignements" 1,4% ; "loisirs, spectacles, culture" 0,6%, h�tels,
caf� et restaurants" 0,6%. les autres biens et services occupant 3,4% des d�penses.
Disparit�s dans les revenus au S�n�gal, le revenu moyen par t�te d'habitant est
estim� par l'ESAM, � 220.950 F alors que le produit national brut par t�te �tait de
253.306 F en 1994 et de 279.456 F en 1995. Cette moyenne est de 416.423 F � Dakar,
403.098 dans les autres centres urbains pour ne se situer qu'� 100.038 F en milieu rural.
Le document souligne aussi que 50% de la population s�n�galaise ont un revenu global
annuel inf�rieur � 975.839 F. Un ratio qui se situe � 2.175.325 F � Dakar et �
1.930.328 F dans les autres centres urbains, pour 600.000 seulement en milieu rural. En
mati�re de r�serves aussi, de profondes disparit�s existent selon le milieu urbain ou
rural.L'enqu�te souligne d'ailleurs que 14% de S�n�galais ont un revenu annuel compris
entre 100.000 et 300.000 F CFA, tandis que 3,1% ont annuellement moins de 100.000 F. Chez
les S�n�galais les plus nantis, l'on constate d'apr�s les conclusions de l'�tude que
4,4% de S�n�galais ont un revenu annuel sup�rieur � 10 millions de francs. Dans la
m�me dynamique, 6% de S�n�galais ont un revenu annuel compris entre 5 et 10 millions de
francs CFA. La strate la plus importante (20,7% de la population) est constitu�e de
nationaux ayant un revenu annuel compris entre un et deux millions de francs.Au plan des
m�nages, le revenu moyen annuel est 2.231.867 F plus �lev� en milieu urbain (soit
3.769.093 F � Dakar et 3.873.423 F dans les autres villes), qu'en milieu rural (1.075.662
F). Globalement, 50% des m�nages s�n�galais auraient un revenu annuel inf�rieur �
763.758 F, une moyenne qui est de 472.093 F en milieu rural et 1.604.348 F � Dakar. 4,3%
au total des m�nages ont un revenu annuel inf�rieur � 600.00 F (soit 50.000 par mois).A
Dakar, 22,4% des m�nages ont moins de 600.000 annuellement contre 19,5% dans les autres
villes et 61% des m�nages ruraux. Alors que globalement, 3,2% des m�nages s�n�galais
ont des revenus annuels sup�rieurs � 10 millions de francs, tandis que 4,7% per�oivent
annuellement des revenus compris entre 5 et 10 millions. Au niveau de la distribution des
revenus, les m�mes disparit�s apparaissent, selon le milieu urbain ou rural. A relever
qu'en milieu rural, seul 1% des m�nages ont des revenus annuels sup�rieurs � 10
millions.L'�tude r�v�le aussi que paradoxalement, dans un pays agricole comme le
S�n�gal, les revenus agricoles sont encore trop faibles. En r�alit�, les revenus
agricoles ne repr�sentent que 3,2% pour l'�levage.En valeur moyenne, les revenus globaux
des m�nages sont constitu�s des r�mun�rations des salari�s (24,4%), des revenus
tir�s des "unit�s de productions agricoles" (UPNA) : (27,9%) ; des revenus de
la propret� (12,5%), des transferts re�us (18,9%), des revenus de l'�levage (11,2%).Les
revenus des m�nages sont g�n�ralement compl�t�s par des ressources issues de
l'�pargne (compte bancaire ou tontine) et des emprunts qui constituent 88% de ces
ressources. La vente de biens, l'h�ritage et les jeux de hasard ne repr�sentant que 12%.
Il est � signaler que dans ce poste, "autres ressources des m�nages", les
emprunts sont les plus significatifs avec 44,7%.
Mamadou Matar Gueye, statisticien-d�mographe :
"Une meilleure compr�hension des besoins"
L'enqu�te s�n�galaise aupr�s des m�nages a �t� men�e sur la demande du minist�re
de l'Economie, des finances et du plan, pour mettre � la disposition des autorit�s
publiques des �l�ments de d�cision �conomique. Comme l'explique Mamadou Matar Gu�ye,
statisticien-d�mographe � la Direction de la Pr�vision et de la Statistique :
"ses principales conclusions vont d'ailleurs servir pour approfondir la lutte contre
la pauvret�, inscrite au rang de priorit� dans les orientations trac�es par le
gouvernement". "Ces indicateurs socio-�conomiques r�v�l�s par l'enqu�te
vont aussi permettre une analyse diff�rentielle entre certaines cat�gories de m�nages
pour mieux faire appara�tre la compr�hension des ph�nom�nes de pauvret�, en milieu
urbain comme rural", a pr�cis� M. Gu�ye.
"Il sera possible ainsi pour les autorit�s, dans la lutte contre la pauvret�,
d'inclure plus d'�quit� en mati�re de distribution de revenus et d'infrastructures de
base".Dans le domaine de l'acc�s � l'eau potable, � l'�ducation et � la sant�,
le statisticien-d�mographe explique que les tendances d�gag�es par l'enqu�tes vont
�tre prises en compte dans la d�finition et la mise en uvre des politiques
sociales. Et les autorit�s vont, sur la base des conclusions du document, tenter une
correction de certains d�s�quilibres entre les m�nages, en milieu urbain et en milieu
rural, pour am�liorer la productivit� des populations s�n�galaises. "Il y a des
choix � op�rer ainsi que des urgences, et l'Etat va maintenant bien mettre l'accent sur
certaines priorit�s".Le statisticien d�mographe souligne que l'enqu�te a d'autre
part permis de mieux mesurer l'impact des politiques �conomiques mises en branle depuis
quelques ann�es et leur cons�quences sur le v�cu quotidien des m�nages s�n�galais.
Oumar Diagne, socio-anthropologue :
"La pauvret�, une notion � relativiser"
"En occident,l'on est pauvre quand, en de�� d'un certain seuil, l'on est inapte �
satisfaire certains besoins primaires relatifs au logement, � la nourriture, �
l'�ducation, aux loisirs... Alors qu'en Afrique, l'on est pauvre selon une certaine
tradition bien �tablie, quand on a rien � partager avec ses proches, cela, tant du point
de vue psychologique que du point de vue mat�riel". Pour le socio-anthropologue
Oumar Diagne, ma�tre de conf�rence � l'universit� Cheikh Anta Diop de Dakar, la
pauvret� comme la promiscuit�, notions largement usit�es maintenant du fait de la
crise, est � relativiser parce que ne recoupant pas les m�mes r�alit�s en Afrique et
en Occident.Son sentiment est que "ce concept de pauvret� des m�nages est
v�hicul� au niveau de l'Administration s�n�galaise, ainsi que dans certaines classes
sociales, repose davantage sur des consid�rations li�es au pouvoir d'achat que sur des
questions proprement humaines". "Dans la soci�t� s�n�galaise, quelqu'un qui
a les moyens et qui les partage avec les autres, on dira de lui qu'il est large
("yaatu"). Or un tel individu, en Occident, ne pourrait jamais r�ussir
socialement, �tant donn� tous les calculs dont est enclin l'homo�conomicus". Le
professeur Diagne est ainsi d'avis que "sans cette notion de partage g�n�ralement
bien admise en Afrique, de s�rieuses questions de survie se poseraient" pour les
individus et les populations. Part ailleurs, il souligne que les contraintes de la vie
moderne n'autorisent plus ce sens du partage et de la g�n�rosit� , "�tant donn�
toutes les charges qui r�gissent aujourd'hui, le go�t du bien-�tre dans une famille
�quilibr�e, l'�ducation des enfants". Sans bannir cette l�gendaire g�n�rosit�
communautaire africaine et s�n�galaise, v�ritable rempart contre la pauvret�, Oumar
Diagne fait remarquer qu'"un certain sens social devra nous incliner � nous r�gler
sur les exigences de la modernit�, tout en ne sacrifiant pas l'�lan de solidarit�
parentale ou g�n�alogique, qui est encore un bienfait dans
nos soci�t�s".
Cheikh Thiam
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