Ainsi, les images de jour permettent de cartographier les zones brûlées, tandis que les images de nuit sont utilisées pour identifier les feux actifs.
Par contre, les images de jour sont plus adaptées à la cartographie et l'estimation des superficies brûlées. La technique de la composition colorée, avec les canaux 1, 2 et 3 placés respectivement dans les plans-images rouge, bleu et vert, permet de visualiser sur l'écran de contrôle les zones brûlées. L'affichage multispectral ainsi réalisé ressort bien leurs caractéristiques radiométriques. Une classification supervisée est alors effectuée par la technique dite du "boxclass" pour isoler les surfaces brûlées, qui sont mesurées par comptage des pixels classifiés.
Il convient d'ajouter que des vérifications sont régulièrement effectuées sur le terrain. Cette action est indispensable compte tenu de la difficulté que pose la cartographie des zones brûlées dans certaines régions telles que la partie sud du Sénégal, couverte de végétation forestière de type soudanien. La vérification se fait à l'aide du dispositif GPS (Global positioning System) du CSE, qui permet une navigation très précise en direction des zones recherchées et leur mesurage.
Outre ces causes d'origine naturelle, des changements de plateformes satellitaires ayant eu lieu, expliquent en partie cette baisse. En effet, l'année 1995 a été marquée par le lancement du satellite NOAA 14, qui a fonctionné après une période probatoire d'environ un mois au cours de laquelle ses produits n'ont pu être exploités. Il s'est révélé par la suite que le principal avantage de ce nouveau satellite est lié à son heure de passage nocturne (vers 3 heures) qui favorise une très bonne détection des feux. Par contre, les passages diurnes situés entre 14 et 15 heures, produisent des images à forte saturation dans les canaux du thermique qui ne se prêtent pas dès lors au suivi des feux.
Les feux ont eu un faible impact au nord de cette zone, en particulier dans le Ferlo Ouest qui correspond en gros au Département de Linguère. Cependant dans la partie orientale, les arrondissements de Ogo et Kanel présentent des cas de feux importants en superficie, comme c'est généralement le cas dans cette zone, où le tapis herbacé est continu du fait de l'inexistence de pare-feux en bon état.
La partie sud de l'aire de déploiement des feux est celle où ils atteignent leur plus forte ampleur: tous les arrondissements situés dans cette zone sont atteints. Les arrondissements de Bala, Missira, Bandafassi et Saraya, qui forment le bloc Sud-Est sont les plus touchés. L'ampleur des feux est frappante dans l'aire du Parc National du Niokolo. Le tapis herbacé à Andropogonées, caractéristique de cette partie Sud-Est, donne lieu à des feux d'une grande intensité, avec des flammes hautes qui atteignent la couronne des arbres.
Les feux diminuent progressivement en direction du Sud-ouest, où se maintiennent des forêts sacrées bien protégées (Oussouye). Ils restent très actifs cependant dans les départements de Kolda et Vélingara dont les limites Nord et Sud font frontière respectivement avec la Gambie et la Guinée-Bissau, ce qui pourrait expliquer leur récurrence.
La première période correspond à la phase ascendante du phénomène qui se traduit par un triplement du cumul des surfaces brûlées entre novembre (40 000 ha) et janvier (120 000 ha). Pendant cette période, le nombre de cas de feux est multiplié par 6 à l'échelle du pays.
Les cartes mensuelles (fig. 11) montrent une progression du front des feux vers le Sud au cours de ce trimestre. Au mois de novembre, les feux du Ferlo ouest constituent les évènements dominants à coté des modestes foyers qui éclatent dans la partie est du pays (Kidira, Goudiry). Les feux du mois de décembre (53 000 ha) intéressent tout le Nord de la région de Tambacounda et une partie du Sud-Est, tandis que vers le Sud-ouest la situation est plutôt calme. L'installation du front des feux dans le Sud du Sénégal est complète en janvier, ce qui se traduit par un maximum annuel en termes de surfaces brûlées (70 000 ha) et en nombre de cas (270). La situation des feux dans le Parc National du Niokolo Koba (Arrondissement de Missira) est frappante au cours de ce mois.
La seconde période affiche une baisse des surfaces brûlées et du nombre de cas. Les feux se maintiennent au Sud et au Sud-Est, dans les régions de Kolda et Tambacounda, tandis que la partie nord se singularise par une forte accalmie.
Le cumul des mois de février et mars (68 000 ha) est inférieur au maximum de janvier. Cette baisse s'explique en partie par l'action soustractive sur le tapis herbacé des feux de la période précédente. Elle pourrait résulter également de l'ennuagement caractéristique de cette période de l'année, qui tendrait à masquer certains feux sur l'imagerie satellitaire.
La tendance à la baisse se confirme au cours des deux derniers mois de la saison. Le tapis herbacé résiduel de la partie méridionale est la proie des feux, à mesure qu'il s'assèche. Les arrondissements de Bala, Kidira, Saraya sont les plus touchés.
Une nouvelle forme de déplacements est venue s'ajouter à ces modes de mise en valeur de l'espace, augmentant les risques de feux. Il s'agit des marchés hebdomadaires ou louma, lieux d'échanges, de communication et d'interactions multiples qui symbolisent une nouvelle forme de mobilité en relation avec le développement des transports. La concentration ponctuelle de populations qui en résulte et la dispersion subséquente de ces dernières, comportent sans aucun doute des risques de mise en feu au sein des espaces ruraux polarisés.
L'analyse spatiale a montré en effet la récurrence des feux dans les arrondissements frontaliers avec la Gambie et la Guinée-Bissau. Les informations recueillies auprès des services douaniers nationaux confirment cet état de fait et incriminent l'activité de contrebande, sans qu'il soit établi qu'elle soit la seule cause.
Le braconnage concerne surtout le Parc National du Niokolo-Koba, où il atteint des proportions inquiétantes avec l'utilisation d'armements sophistiqués (fusils d'assaut). Il implique aussi d'autres parties avec l'ouverture de la saison de chasse à partir du mois de janvier, avec parfois des risques de débordements au delà des zones d'amodiation.